jeudi 31 décembre 2009

Le 21ème siècle sera post-narratif

Alors que je m'apprêtais à faire le décompte de mes films préférés de l'année je fus assaillie par deux pensées déprimantes: 1. Je ne suis pas vraiment allée au ciné cette année et mon top 5 va être des plus convenu. 2. Ma dernière théorie fumeuse sur l'évolution de la fiction, que je mijote depuis quelques mois, va finir par ne plus être d'actualité. En quête désespérée d'originalité j'ai donc décidé de combiner les deux et de vous offrir le Top 5 des films de 2009 qui ont inspirés ma théorie fumeuse! Tada!!!!!!

Quelle théorie fumeuse, me demandez-vous? Et bien je suis heureuse que cela vous intéresse, comme pour la plupart des concepts révolutionnaires tout est dans le titre: Le 21ème siècle sera post-narratif! Alors je suis sûre que nombre sont les pseudos-intellectuels qui ont utilisés ce terme avant moi (enfin j'imagine, dites moi si je me trompe, que je le dépose), mais comme je ne suis pas certaine qu'ils y entendaient la même chose, laissez moi vous définir le concept du post-narratif selon MOI.

Le post-narratif, c'est d'abord, cette tendance à ne plus traiter des topoi mille fois développés dans la fiction du 20ème siècle mais de ce qu'il se passe après, ou " post ". On ne raconte plus l'histoire d'un jeune homme au prise avec la découverte de son homosexualité, mais de sa vie après son coming-out (ex: le fils de Toni Colette dans The United States of Tara série de Showtime). On ne s'intéresse plus à comment un couple est tombé amoureux ou a décidé d'être ensemble mais comment ils essaient de " vivre heureux et d'avoir beaucoup d'enfants " (Away We Go qui a raté de peu mon top 5). Par extension le post-narratif devient parfois para-narratif, on s'attache à ce qui est parallèle à l'histoire, le contexte devient sujet, le récit devient plus subjectif et une histoire banale re-devient intéressante. Dans ce cas on parle aussi de post-narratif non pas parce que l'histoire se passe après " l'histoire ", mais parce que ce type de narration est la progéniture de la narration classique. La dernière typologie post-narrative est la narration d'un événement du passé à travers le filtre du présent. Non seulement le point de départ se situe à la fin du récit, mais cette fin conditionne le récit. En gros le post-narratif serait la tentative désespérée des scénaristes d'Hollywood d'écrire pour un public de ciné- et télé-phages qui connaissent par coeur les mécanismes narratifs classiques.

Mais assez de théorie! Voilà mes 5 films mémorables de 2009 qui ont (en partie) inspirés mes grandes réflexions, et c'est peut-être justement leur post-narrativité qui leur donne pour moi tant de résonance.

1- (500) Days of Summer de Marc Webb

Numéro 1 de tous mes tops de l'année, ce petit bijou du cinéma indépendant américain, répond à tous les impératifs du genre: une histoire sentimentale qui n'en est pas une, une bande son pointue et mélancolique et deux acteurs adorés de " l'alternative America ". En plus c'est du triple post-narratif. D'abord, avec à une structure qui défie la chronologie (les 500 jours en question sont racontés dans le désordre), on a l'ambition de raconter différemment une histoire qui n'aurait sinon pas grand chose à offrir. Ensuite, le postulat ici n'est pas de raconter l'histoire de deux êtres, mais celle d'un être et son rapport amoureux à l'autre. Bien entendu, beaucoup de comédies romantiques sont centrées autour d'un seul personnage, mais on nous donne généralement l'illusion de la communion de ces deux êtres, quand (500) days of Summer insiste sur la disparité de leurs vécus. Summer nous reste, comme à Tom, étrangère. On est dans le para-narratif sus-nommé. Finalement, la voix-off nous annonce dés le départ que cette histoire est déjà finie, il s'agit du passé, c'est pourquoi nous n'en aurons qu'un aperçu chaotique et subjectif, nous ne participons pas à l'aventure mais à sa digestion. Digestion en abîme puisque le co-auteur Scott Neustadter s'est inspiré de sa propre histoire comme en témoigne la douce " dédicace ": « Ceci est une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait totalement fortuite. Surtout avec toi, Jenny Beckman. Connasse. » Ci-dessous la bande annonce, qui serait parfaite si elle ne racontait pas un peu toute l'histoire: vous voilà prévenus!



2- WATCHMEN de Zack Snyder

WATCHMEN ou LE film jubilatoire 2009! Le pari réussi de transposer le Comic légendaire d'Alan Moore sur grand écran (en décidant tout simplement d'être le plus fidèle possible à l'original). Et en plus ça transpire le post-narratif! A la sortie de la BD en 87 cette histoire de super-héros psychotiques était la réinvention du genre. Au coeur de l'histoire n'était plus leurs héroïsmes, mais les déséquilibres qui les poussaient à porter un masque et une cape et à jouer aux Supermans. De la même façon cette adaptation, en projet depuis vingt ans, a enfin vu le jour suite aux réinventions cinématographiques de Spiderman, Iron Man et surtout de Batman. Au-delà du sujet le scénario est post-narratif dans sa structure même. Respecter le " scénario " de 12 comics (6 tomes en France) en un seul film, impliquait de devoir violer plus d'une règle scénaristique Hollywoodienne. Le spectateur averti ressent effectivement l'influence de la dramaturgie " comics " mais les scénaristes ont su la rendre pertinente pour l'écran. Créant ainsi un nouveau genre d'adaptation, qui tente de transporter dans le nouveau média plus qu'un concept ou une trame, mais une tradition narrative. Enfin WATCHMEN est comme (500) Days of Summer une tentative de digestion du passé. Le récit au présent se mélange aux souvenirs divers de personnages qui n'ont pas tous la même version de leur histoire et de l'Histoire. D'autant plus que l'Histoire dans WATCHMEN n'est pas la notre, les Watchmen, ayant par leur existence même, changés le cour de l'histoire. L'artifice de l'uchronie (version alternative de l'histoire) est un autre moyen d'entrer dans la para-narration. Vous êtes paumés? Je vous comprend, ce film est assez riche pour nourrir une année de réflexion. Mais je pense que vous avez saisi l'idée générale, alors je vous laisse avec la meilleur bande annonce de l'année et la promesse que si papa noël en retard m'offre le DVD je vous y consacre un blogpost.



3- Very Bad Trip (The Hangover) de Todd Phillips

Je sais, une comédie à succès ça fait toujours un peu tâche dans un top 5. Mais au cas où vous ne l'auriez pas compris, je n'aime pas bouder mon plaisir. Ce n'est pas pour rien que j'ai appeler ce blog culture pop. Alors avant de rentrer dans toute la post-narrativitude de The Hangover laissez moi vous dire que je revendique pleinement ce film comme un de mes coup de coeurs 2009. Une comédie qui arrive à jouer sur tellement de tableaux qu'elle fait rire tout le monde, même si pas au même moment, c'est un tour de force. Et puis il y a l'impeccable réalisation qui dès le générique nous confirme qu'il s'agit d'un vrai film malgré le sujet burlesque, et puis il y a Bradley Cooper en costard, et puis il y a Ed Helms qu'on aime pour d'autres raisons... Et puis il y a tout le post-narratif! Si, si je vous jure. Regardez plutôt: une histoire sur la (non-)digestion du passé, où les souvenirs subjectifs donnent un autre sens à l'histoire, Check! Un film qui rend hommage à sa tradition narrative, en réinventant ses propres codes, encore Check! (Pour les sceptiques je rappellerais les nombreux clins d'oeil aux films sur Vegas, en particulier à Rain Man. Sans oublier les personnages qui s'avèrent tous être le contraire du cliché qu'ils représentent. Le beau gosse fêtard est le plus responsable. Le gentil dentiste est le plus volatile. Le gros lourd sauve tout le monde.) Vous voyez que le post-narratif est partout, même dans les blockbusters! Bon par contre la bande-annonce est pas terrible et si vous l'avez pas vu, louez plutôt le DVD les yeux fermés.


4- Jennifer's Body de Karyn Kusama

Seul cas un petit peu à part, parce que sans digestion de passé (quoi que le début c'est la fin, mais ça c'est pas super original) Jennifer's Body se devait d'être sur cette liste surtout à cause de son auteur. Diablo Cody, scénariste Oscarisée de Juno et créatrice de The United States of Tara est ma grande inspiratrice en terme de post-narration. Nourrie elle-même par des quantités industrielles de fiction pop elle a inscrit toute son oeuvre dans la continuité logique de cette tradition: le post-narratif! Ses personnages ont, comme elle, grandit avec la télé, les films des années 80 et l'émergence de la musique indé, et seraient mortifiés à l'idée de ressembler à des clichés Hollywoodien. Tous les codes sont ainsi réinventés, et Diablo connaissant nos attentes s'amuse à nous surprendre. Elle décide aussi de bousculer un genre généralement masculin en centrant son histoire sur le rapport intense entre deux adolescentes " frienemies ", tout en rendant hommage à la tradition du film d'horreur (la gentille fille est la seule survivante). A ce stade je n'ai plus besoin de hurler ALERTE POST-NARRATIVE!!!! toutes les cinq secondes pour que vous voyez où je veux en venir. Et pour une obsédée de musique indé je me dois de faire référence à Low Shoulder, le groupe de rock Emo, et leur insupportable tube " Through The Trees ". Encore une fois entre l'hommage et la dérision il faut avoir collectionné les BO de tous les Screams pour comprendre la blague. Et puis quand on sait que le chanteur n'est autre qu'Adam Brody celui qui a donné corps au Seth Cohen de Newport Beach (le premier Geek-fan-de-musique-indé cool de la terre) on ne peut que sourire. Donc ne croyez pas les critiques tiédasses de ce film peut-être un peu trop original pour son bien, et ne croyez pas la bande annonce non plus parce qu'elle est peut-être jolie, elle est surtout trompeuse (ça aussi c'est une jolie métaphore).



5- Inglourious Basterds de Quentin Tarantino

Il n'est pas étonnant que Tarantino le précurseur du film fun post-narratif trouve sa place dans ce top. Bien entendu son film à lui va encore un peu plus loin dans le délire, mais c'est le rôle d'un précurseur. Pourtant j'ai du mal à dire que j'aime ce film. Peut-être souffre-je du syndrome français qui ne peux pas ignorer la faiblesse du casting francophone, ou alors comme une bonne européenne la réécriture de la seconde guerre mondiale me dérange malgré moi... Ou alors il faudrait que je le revois pour le comprendre! Mais il est indéniable que nous avons devant nous un joli cas de post-narrativisme aigu. La désorganisation ou réorganisation du récit (qui n'est bien entendu pas nouvelle chez Tarantino), le contexte comme sujet, le détournement des codes (filmiques et historiques), l'inversion presque systématique entre valeur morale et quotient sympathie, etc... Et finalement une uchronie de dernière minute à la fois jouissive et choquante. Et puis dans le genre digestion du passé, ça se pose là. Mais l'acte post-narratif ultime est aussi le plus Tarantinesque. il a emprunté son titre à un film italien de 1967 sorti aux Etats-Unis sous le nom de The Inglorious Bastards (vous avez remarqué l'altération orthographique? APN!!!!!!!)



Alors maintenant vous me direz peut-être que le post-narratif n'est pas une invention de 2009 et que comme je l'ai pressenti j'arrive bien tard avec ma théorisation. Je répondrais que c'est moins l'existence de la tendance que sa propagation dans le cinéma populaire que je relève ici. Vous me direz aussi peut-être que mon post-narratif qui tombe parfois dans le para-narratif est un peu fourre-tout et que tout ça manque cruellement d'une typologie systématique. Je vous répondrais que beaucoup de théories esthétiques sont fourre-tout, que je vais me faire un plaisir de continuer à réfléchir à une possible typologie et que je vous avais prévenu que c'était un peu fumeux tout ça. Et si vous me faites remarquez que vous ne m'avez rien dit et que je parle toute seule je vous dirais « soyez charitable, c'est le nouvel an et j'ai passé ma journée à théoriser... ».

lundi 28 décembre 2009

2009 en chansons

En cette période un peu bâtarde qui sépare noël et le jour de l'an, on a tous un peu tendance à vouloir tenter d'étiquetter l'année écoulée. La presse et le web nous offrent, chacun dans leur domaine, une digestion de ces douze mois avec leur top des évènements les plus marquants, des meilleurs films, des plus jolies robes, de la pire voiture, etc... En somme, une façon de cataloguer 2009, pour pouvoir la ranger sur une étagère le plus vite possible et passer à autre chose. C'est vrai que 2009, je sais pas vous, mais pour la plupart des gens c'était un peu une année de merde. Mais, comme tous les moments difficiles à passer, c'était aussi une année pleine de révélations, de catharsis, de changement (enfin en tout cas pour moi et après tout on est sur mon blog donc je ne vais pas m'excuser de faire preuve d'égocentrisme) et la culture pop tel un ami fidèle ne m'a jamais abandonné. En cet honneur, je vous propose donc ma propre batterie de top 5, en commençant par le plus subjectif, le top musical. Loin de moi la prétention de vouloir détailler ici les dernières révélations pop/rock. Non les cinq chansons que je vous offre ci-dessous ne sont même pas sorties en 2009, mais c'est cette année qu'elle sont entrées dans ma vie et elles continueront longtemps à la rappeler à ma mémoire.

5 – 3 Rounds and a Sound – Blind Pilot (2008)

Merci Alex Patsavas (vous savez pas qui c'est? Google her!) la bande originale de Chuck, pleine de plaisirs divers et variés, m'a accompagné tout au long de l'année mais c'est cette chanson simple et discrète qui m'a le plus affectée. Utilisée dans le superbement jubilatoire dernier épisode de la saison 2, la chanson n'y était pas particulièrement remarquable et je ne me l'était procurée que par habitude. Il y a bien longtemps que je suis aveuglément les sélections de Ms. Patsavas. Je me souviens pourtant du moment exact ou j'ai “écouté” cette chanson pour la première fois, quelque part entre Orly et Châtelet sur la ligne du RER B un soir de retour de Berlin en mai. Tout d'abord la douceur de la guitare et de la voix comme une caresse vaguement réconfortante sans être naïve et puis tout à coup cet abîme d'émotions qui dévoile toute la profondeur de cette histoire d'amour un peu trop compliquée... And just like that I was in love...


4 – Single Ladies (Put a Ring on It) – Beyonce (2008)

Kanye, Glee et tous les américains que je connais avaient fait leur possible pour me faire comprendre qu'il s'agissait de la chanson de l'année, un véritable phénomène de société auquel il était impossible de résister. Pourtant c'est seulement en visionnant (avec quelques semaines de retard) la performance de Ms. Knowles au MTV VMA que j'ai commencé à entre-apercevoir le potentiel explosif de ce tube. Du jour au lendemain j'étais moi aussi saisie de secousses frénétiques à la moindre mention de “All the single Ladies, All the single ladies” et je n'ai toujours pas renoncé à un jour réussir à imiter ce balancement de tête incroyable qui semble résumer le mythe féminin absolu et toute la force de la libération spirituelle et sexuelle des femmes. Et pour répondre à votre question, non ça ne me dérange pas de souscrire à la tendance avec le reste de la masse. Il est de ces choses qui savent pour un instant avoir du sens pour tout le monde. Que ce sens soit l'expression du malaise économique actuel ou du désir de danser sur un hymne moderne de l'empowerment. Et oui, cette chanson ne parle pas de la recherche désespérée d'un mari, c'est un avertissement à tous les hommes qui ne seraient pas capable de traiter leurs ladies comme elles le méritent.

3 – Papillon – Rilo Kiley (1999)

Vous connaissez ce sentiment de plaisir mêlé d'appréhension quand vous découvrez l'oeuvre de jeunesse d'un de vos artistes préférés? Généralement pour moi l'appréhension gagne sur le reste et plus je vénère l'artiste en question plus je repousse le moment de vérité fatidique: et si avant ils faisaient de la merde?Heureusement pour nous c'est pour ça qu'ITunes à une fonction “lecture aléatoire”. C'est ainsi que j'ai découvert à mon corps défendant cette petite merveille ci-dessous issu du premier EP de mon groupe PRÉFÉRÉ (!) que j'ai juste depuis 2 ans sur mon ordinateur. Je vous la livre sans analyse, sans vidéo d'abord parce qu'il me faudrait plusieurs heures pour vous dire tout ce qu'elle m'inspire et puis parce que je considère que son charme parle de lui-même...

2 – Marble House – The Knife feat. Jay-Jay Johanson (2006)

The Knife est probablement MA révélation de l'année, ce groupe suédois (mes amours 2009 sont majoritairement suédois...*soupir* Alexander.... euh je m'égare) composé de Karin et Olof Dreijer, frère et soeur à la ville, duo expexpérimental pop pour le reste du monde, m'a littéralement tourné la tête. Ma passion m'a même emmenée jusqu'à Genève pour une nuit pour voir leur opéra “Tomorrow in a year”. Ce fut donc avec la plus grande surprise que j'ai découvert que la musique de The Knife ne faisait pas l'unanimité. Il y a dans mon entourage nombre de personnes qui on du mal à voir toute la beauté que j'y vois. Cette incompréhension est particulièrement exacerbée pour cette chanson: Marble House issue de leur dernier album, où l'étrangeté générale de leur pop planante est un peu plus dark, un peu plus moody, et un peu plus strange grâce à la voix inimitablee de Jay Jay Johanson. Bon d'accord je comprends qu'il y ait des gens qui la trouve bizarre cette chanson, mais moi je trouve que sa mélodie d'une beauté simple et universelle nous enivre assez pour que l'étrangeté ne soit plus une barrière, mais une forme de communion. Don't you agree?

1- Billie Jean – Michael Jackson (1983)

De toutes les chansons immortelles de Michael Jackson que nous avons redécouvertes depuis le 25 juin, Billie Jean est, là encore, la plus universelle. Que ce soit dans un bar enfumé de Berlin, autour d'une Flashmob à New York ou au Mexique, ou dans une soirée d'intellos vaguement chiante au bord du canal St Martin cette intro inimitable provoque le même désir irrépressible d'entrer dans la danse. Et nous avons dansé, tout l'été et jusque dans l'hiver sur ce chef d'oeuvre absolu de pop qui n'a pas pris une ride. Et nous qui ne connaissions plus que le Michael risible ou flippant, nous nous sommes rappelés pourquoi on l'avait couronné King. Et ainsi, 26 ans après sa sortie, Billie Jean est à nouveau LA chanson de l'année.

samedi 26 décembre 2009

Glee ou Le paradoxe amoureux du sériphile

L'amour est aveugle, ce n'est pas un adage mais une certitude. Et malgré toute l'objectivité du monde, le rapport que l'on cultive avec une oeuvre, soit-elle triviale ou révolutionnaire, est conditionné par cet état de fait. Nous détestons tous des chefs d'oeuvre et adorons des échecs artistiques flagrants. Chacun sa croix, ou plutôt sa sensibilité, son histoire et son processus d'identification.

Il serait d'ailleurs bien malheureux de juger l'art de façon purement rationnelle, ce serait le réduire à sa matérialité et le dérober de sa vocation spirituelle. Pourtant cette dimension émotionnelle est parfois bien difficile à définir. Peut être n'est-il pas nécessaire d'élucider cette énigme, après tout pourquoi vouloir donner des raisons à l'amour. Mais de temps en temps un cas particulier nous plonge dans la confusion critique et la question se pose: est-ce que mon amour pour cette oeuvre me rend si aveugle que je refuse de tirer les conséquences de ses nombreux défauts? Ou pire, est-ce que l'objet de mon affection n'a jamais ressemblé à ce que je désirais et je suis simplement rattrapée par la dure réalité?

En d'autres termes que penser de mon obsession préférée de ces derniers mois: Glee! Alors oui, cette série n'est pas spécialement polémique, sans être un sucés commercial absolu, Glee est la nouvelle série américaine qui buzz. Regardé par les Tv-phages du monde entier, le nouveau bébé de Ryan Murphy a, depuis la diffusion de son pilote en mai sur la FOX, généré un engouement passionné chez plus d'un critique et autre blogueur. Joss Whedon lui même (mon gourou absolu) est tombé en pâmoison devant cette étrange fiction au point d'en réaliser un épisode en février prochain. Pourtant j'attends toujours de voir un épisode dont je ne sors pas cruellement frustrée ou même carrément déçue. Et je soupçonne beaucoup d'autres d'être plus ou moins dans mon cas. Donc... Glee: chef d'oeuvre ou échec en devenir?

Pour ceux qui débarquent laissez moi d'abord vous résumer (tenter en tout cas) Glee. Alors, Glee c'est l'histoire du Glee club (chorale) du lycée le moins cool de l'Ohio. Glee c'est une comédie musicale avec des chansons empruntées à tous les répertoires, de Cabaret à Kanye West en passant par Journey. Glee c'est une histoire grinçante pleine de bons sentiments avec des personnages qui ont raté leur vocation de Darth Sith et d'autres d'une naïveté approchant la connerie. Glee ce sont des histoires qui n'ont pas toujours de sens, qui tournent parfois en rond et qui sont tour à tour rageantes et inexplicablement jouissives. En gros c'est un foutoir narratif où ça chante et ça danse et où on patauge dans la guimauve avant d'être arrosé d'acide. Difficile à imaginer ? C'est le but! Je me demande aussi jusqu'à quel point ce n'est pas le problème. C'est bien joli de vouloir renouveler la fiction ado mais il faut savoir où on met les pieds et surtout où on veut en venir. Et c'est bien ça qui m'inquiète. Ou veulent-ils donc en venir?

En toute honnêteté ce que je crains c'est de m'être fourvoyée sur l'intention de l'auteur. Et si, tous ces " défauts " évidents n'étaient pas un hasard? Et si c'était par cynisme, que " No Air " et " Keep Me Hanging On " et tant d'autres chansons avaient été utilisées n'importe comment? Et si, le yo-yo constant dans le développement des personnages était une tentative volontaire de les rendre peu attachants? Et si, les bons sentiments de la série n'étaient là que pour être ridicules et ridiculisés? Et si, la meilleure chose à espérer pour Glee c'était que toutes ses suppositions s'avèrent vraies? Et si c'était justement grâce à ça, que Glee pourrait devenir une oeuvre d'importance?

On en arrive ainsi à la véritable problématique de mon paradoxe amoureux: Mes sentiments pour Glee m'auraient-ils empêché de la voir pour ce qu'elle est? Aurais-je voulu ignorer son potentiel pour la faire rentrer de force dans la catégorie des séries ados qui se prennent au sérieux, juste parce que je n'ai plus de Veronica Mars ou d'Everwood à me mettre sous la dent?

Mais assez d'affabulations, de trois choses l'une:

Hypothèse 1: les nombreux défauts des 13 premiers épisodes ne sont que le fruit d'une oeuvre encore verte, qui cherche encore sa voie et qui, avec la maturité, trouvera la cohésion qui lui manque cruellement.

Hypothèse 2: la série a un défaut de fabrication dont elle ne se remettra jamais et retombera comme une mayonnaise ratée tel un Heroes en chanson.

Hypothèse 3: cet espèce de déséquilibre étrange dans la forme et dans le fond est à la base même de l'oeuvre. C'est la volonté de l'auteur et Glee n'aura jamais que l'ambition de le perpétuer.

Dans ce dernier cas je reléguerai Glee au rang de Crush déçus. Et je devrais me résigner à l'aimer avec la froideur intellectuelle que je réserve aux chefs d'oeuvres qui n'ont pas su changer ma vie.

jeudi 10 décembre 2009

La musique, toujours la musique!

Après des jours de frustration technologique et de jonglage d'emploi du temps, je vous présente enfin mon premier blog avec le son... et les images qui bougent. Je ne le ferais pas toutes les semaines, c'était long et douloureux.

Comme promis, aujourd'hui on parle musique. Mais rendons d'abord à César ce qui est à César! 

Il y a quelques jours (un peu plus maintenant...) au détour de ma routine webienne quotidienne, je tombe sur un article du blog de l'Hébdo Séries intitulé "2009, La Playlist Séries":

http://hebdoseries.blog.canalplus.fr/archive/2009/12/02/2009-la-playlist-series.html

Passée la première vague de joie automatique à la vue du mot série et playlist l'un à côté de l'autre, je fus prise par une encore plus grande vague de jalousie de ne pas y avoir pensé plus tôt. Bon, ensuite, j'ai été jalouse parce qu'il y avait même des trucs auquel je n'aurais pas pensé et en plus c'était bien écrit! Une fois ma lettre d'insulte à l'auteur rédigée, j'ai pris la grande décision d'occulter le fait de ne pas avoir eu l'idée en premier et de concocter ma propre playlist 2009.

Quelque part entre l'interprétation de Sugar Water par Cibo Matto dans Buffy et l'utilisation de Now is Mine de K's Choice dans La Vie à Cinq j'ai développé une obsession maladive pour les bandes originales de séries. Je reste pourtant exigeante surtout à l'heure où nombre de séries usent et abusent de pop pour palier au vide émotionnel de leurs scénarios. Mais je peux dire qu'une grosse partie de ma discothèque vient directement ou indirectement de ma consommation télévisuelle et beaucoup de music supervisors ont améliorés mon existence en me faisant découvrir des artistes qui sont devenus essentiels pour moi.

La perspective de trouver les quelques morceaux les plus marquants de l'année s'annonçait donc aussi réjouissante que difficile. Je m'imaginais déjà me torturer devant le choix Cornélien de la sélection et j'avais déjà dans l'idée de transformer mon top 5 en top 10, mais là... surprise! Cette année s'avère beaucoup plus pauvre que je ne l'avais remarqué, et à part quelques illustres exceptions manque cruellement d'originalité. Alors pour faire mon top 10 j'aurais bien sûr pu voler les suggestions de l'Hébdo Séries mais faut quand même pas pousser mamie dans les orties. Donc pour couper la poire en deux, j'ai volé une suggestion au blog ennemi et j'ai fait un top 6: fair, right?

Après je me suis dit que ça serait encore mieux avec la vidéo... trois jours plus tard je me suis dit qu'après avoir perdu tant d'heures j'avais intérêt à écrire un blog au niveau et je suis allée sur Facebook... quelques jours de procrastination supplémentaires et me voici enfin en mesure de détailler mes scènes musicales préférées de l'année 2009... Drumroll...

Dollhouse 1.12 Omega - Everybody's Gotta Learn Sometimes - Beck - scène finale

Cette scène campe la première place sans réelle compétition. Dollhouse a été une expérience difficile pour plus d'un adepte de Joss Whedon. C'est pour moi avec ce dernier épisode que la profondeur vertigineuse de cet univers s'est révélée. Cette scène finale pleine d'ambiguïté ancre le propos de Joss: que rien n'est gravé dans la pierre, qu'avant tout l'être humain est capable d'évolution et de changement, en bien comme en mal. C'est ce qu'exprime Beck d'une voix presque méconnaissable dans cette reprise faite pour Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry. On se souviendra que ce film traitait de l'effacement des souvenirs comme moyen de guérison pour un cœur brisé. Cette chanson est aussi un message subliminal au bénéfice de la Fox, qui diffuse la série et reste responsable de beaucoup de ses défauts et n'avait pas appris leur leçon avec Firefly. Une leçon que la chaîne semble avoir trop bien compris à présent. Malgré la commande d'une seconde saison, la série a été abandonnée à son triste sort: une case horaire meurtrière et presque aucun marketing. Après seulement 4 nouveaux épisodes diffusés, la sentence est tombée et l'épisode final sera pour le 22 janvier 2010. En attendant, consolons-nous avec l'idée que toutes les séries de Joss sont éternelles au son de Beck.  

!Attention ne regardez cette scène que si vous avez déjà vu la saison 1 en entier, vous risquez de gâcher tout votre plaisir sinon.!

Glee - Pilote - Don't Stop Believing de Journey chanté par les Glee Kids

hum... Glee, une autres série bancale de 2009. Un OVNI narratif, plein de tant de bonnes choses qu'on ne cherche plus à comprendre ce qui cloche. Souvent un plaisir pour les mélomanes, la série attend pourtant toujours d'atteindre le niveau de ce premier triomphe pop. Cette fin de pilote arrive à combiner la comédie musicale et romantique, en se prenant juste assez au sérieux pour qu'on y croit et pas assez pour tomber dans la guimauve. Et puis pour faire plaisir aux puristes des séries on choisit Don't Stop Believing qui a traumatisé tous les sériphiles à la fin des Sopranos. C'est comme si Ryan Murphy essayait de nous montrer que Glee c'est vraiment pour tout le monde. Evidement moi j'étais conquise d'avance parce que si j'étais née dans l'Ohio j'aurais été la sœur siamoise de Rachel (ou sa pire ennemie). Et puis est-ce que c'est pas la plus belle intro du monde: Just a small town girl....

Ugly Betty 3.12 Sisters on the Verge of a Nervous Breakdown - Angel in The Snow - Elliott Smith - Scène d'ouverture

Une de ces petites scènes miraculeuses où l'image et la musique se lient avec tant de simplicité qu'elles arrivent à faire progresser l'histoire tout en créant un véritable moment musical. Ce track re-découvert d'Elliott Smith est comme toute son œuvre, douloureusement nostalgique et commente cette exposition d'un début d'année un peu à part pour les personnages. Molly et Daniel, Wilhemina et Connor semblent heureux mais croient que c'est au dépend du bonheur des autres, la famille Suarez est soulagée mais ne peut oublier l'inquiétude. Deux doses de bonheur pour une dose d'angoisse: Don't you know that I love you?

Supernatural 4.17 It's a Terrible Life - A Well Respected Man - The Kinks - Bizarro Dean

On change de registre pour l'ironie. Supernatural spécialiste de l'auto-dérision détourne dans cette scène non seulement un de ses personnages principaux mais toute son esthétique. Leur moyen de nous faire comprendre que nous ne sommes plus dans le monde réel ou Dean chasse les démons (vous voyez l'auto-dérision), conduit une Chevrolet, écoute AC/DC et mange des cheeseburgers: non Dean est un "well respected man" l'apocalypse ne peut donc pas être bien loin. Pour ne rien arranger The Kinks rythment avec enthousiasme la journée de bizarro-Dean et plus ils ont l'air guillerets, plus on s'inquiète: c'est le but! Bien sûr, les fans de Capra auront déjà remarqué que le titre de l'épisode est une référence à It's Wonderful Life et on vous confirme il y a bien une histoire d'ange ici aussi, mais ils sont beaucoup moins cool que chez Capra...



True Blood 2.03 Scratches - Sex and Candy - Marcy Playground - La rencontre de Jessica et Hoyt

Ah Jessica et Hoyt: les Juliette et Roméo de True Blood. Une histoire si jolie, si romantique et si naïve malgré son contexte plus que explosif. Quoi de mieux pour son inauguration qu'une chanson qui s'appelle Sex & Candy! Le tube de Marcy Playground qui n'a jamais vraiment réussi à traverser l'Atlantique semble parfait pour le jukebox de Merlotte's. Gentiment sexy, lancinant et ayant dix ans de retard sur la tendance. Ainsi Jessica, petite fille vampire en manque d'affection, rencontre ce grand benêt de Hoyt qui rêve d'une "nice girl". Et le paradoxe continue, il ne veut pas lui faire peur et veut passer la journée à la regarder. Pourtant dès les premiers accords de cette chanson on savait que quelque chose d'extraordinaire allait se passer dans ce bar, d'extraordinaire et de terriblement romantique.

Le numéro complémentaire:

Chuck 2.21 Chuck Versus the Colonel - Creature Fear + Team - Bon Iver - Chuck & Sarah enfin almost...

Chuck mériterait un top 10 à lui tout seul, à défaut je vote pour cette scène simple et touchante sur deux chansons de Bon Iver qui se fondent tellement bien l'une dans l'autre qu'on n'y voit que du feu. Pour la petite histoire Skinny Love de Bon Iver avait déjà souligné au début de la saison une des plus jolies scènes entre Chuck et Sarah. Alors 200 points pour la cohérence, 300 pour faire s'embrasser les deux héros dans un contexte si banal et si réaliste, 400 point pour leur impeccable sens du rythme et au moins 500 pour la chute. Enjoy!








mercredi 2 décembre 2009

The Soundtrack of our lives

Le prochain blog consacré à la musique dans les séries 2009 est en cours de construction...

Je vais enfin arrêter de me plaindre :-)

dimanche 29 novembre 2009

How I Met Your Mother ou le syndrome Clair de Lune revisité.

(Attention spoilers jusqu’à l’épisode 7 de la saison 5)

A nouveau je profite de ce blog pour me plaindre. Le reproche du jour s’adresse à How I Met Your Mother ou plus exactement au dynamitage en règle du couple Barney & Robin expédié avec une facilité insultante par les scénaristes. Malheur aux pauvres téléspectateurs qui ont voulu croire à cette histoire. Bon je sais, c’est pas vraiment le reproche du jour parce que j’ai un peu trois semaines de retard, mais la pilule n’est toujours pas passée et il y a trois semaines j’avais pas de blog.

Après avoir subit avec patience la difficile quatrième saison, je me trouve à court de tolérance. J’avais relégué la perte de souffle de l’année dernière au rang de ces maladies de croissance passagères parce que les auteurs avaient, au milieu de cette tiédeur narrative, créé une chose aussi étonnante que jouissive : l’âme de Barney. Mais ce n’était apparemment qu’une pirouette temporaire et lundi 9 novembre, en l’espace de 22 minutes la romance de Barney & Robin a été réduite en cendres, balayant avec elle le Barney ré-inventé des 30 derniers épisodes. Retour à la case départ !

Le plus dramatique dans cette histoire c’est le manque de volonté presque comique à traiter intelligemment de la relation tant attendue. Pourquoi les avoir rendus tous les deux tout à coup si stéréotypés ? Pourquoi ne pas avoir fait durer leur hésitation à devenir un véritable couple ? Pourquoi ne jamais avoir donné suite à leur engueulade sur les strip-teaseuses ? Pourquoi les avoir transformé en un monstre à deux têtes condamné à partager la même intrigue chaque semaine ? Pourquoi avoir refuser d’explorer les possibilités infinies de deux personnages individualistes incapables de vivre l’un sans l’autre ? Pourquoi enfin avoir tant investi dans une histoire qu’ils ne voulaient pas raconter ?

A croire que les auteurs souffrent d’une maladie qui peut s’avérer incurable: le syndrome des scénaristes qui ont peur du syndrome de Clair de Lune (anciennement syndrome Remington Steele parfois assimilé à l’affliction Loïs & Clark). Cette gangrène soi-disant irréversible qui touche une série quand deux personnages principaux (qui ont fait semblant de se détester pendant 3 saisons et demie tout en nourrissant un brulant désir secret l’un pour l’autre) finissent par s’envoyer en l’air.

Ce syndrome a souvent bon dos pour justifier le déclin annoncé d’une série en fin de parcours mais continue à pousser les scénaristes à saboter les couples plutôt que de devoir les faire évoluer. Ou mieux vaut atomiser une relation amoureuse sérieuse en l’espace de 5 minutes d’antenne que de prendre le risque de faire évoluer un personnage au-delà de son gimmick. Vous pouvez appeler ça la compulsion Grey’s Anatomyenne, l’accès de Hodgins-Angelaïte ou la malédiction LoVe.

Mais l’ignoble vérité qui se cache derrière cette réticence c’est cette lubie que la seule partie intéressante d’une histoire d’amour est l’AVANT. Barney en amoureux secret de Robin aurait plus d’intérêt qu’en tant que boyfriend légitime. Alors je ne sais pas quels sont les traumatismes amoureux qui ont poussés ces auteurs à vouloir écrire des séries (et je suis sure qu’ils doivent être conséquents) mais est-ce une raison pour nous priver de l’APRES ? Est-ce que ce n’est pas la partie la plus étonnante de l’histoire, la plus riche et la plus houleuse ? Alors oui ça fait peur l’engagement, mais refuser de faire évoluer ses personnages c’est les condamner à ne devenir que l’ombre d’eux mêmes. Je refuse d’accepter que la vie de couple ne peux pas être aussi divertissante que le reste. Et si vous avez des doutes allez regarder du côté de Gossip Girl où la seule lueur dans les ténèbres est le couple que forment à présent Chuck et Blair.

mercredi 25 novembre 2009

Twilight, ou la torture de l’internaute éclairé

C’est arrivé tout à coup, au 212ème commentaire d’un site web quelconque, la révolte, le sentiment soudain que je ne pouvais plus me taire, que je préférais passer pour arrogante, naïve ou même désagréable que de garder le silence. Alors voilà j'ai succombé j'ai créé un blog et me voici sur le point de pousser ma première complainte.... Drumroll...

Je refuse d’accepter stoïquement un instant de plus l’avalanche de platitudes et de contresens qui courent sur Twilight : les livres, les films, le phénomène, les filles hurlantes de douze ans et tout le reste.

Je sais, je verse déjà dans l’arrogance, on pourrait croire à me lire que je pense détenir la vérité absolue sur le sujet et que tous les fans, critiques et commentateurs en tout genre ne sont qu’une horde d’imbéciles. Loin de moi cette idée, je suis persuadée qu’il y a beaucoup d’écrits brillants et pertinents sur le sujet, malheureusement on ne remarque que ce qui nous dérange alors c'est contre les autres que je m’insurge.

Une fois de plus je me sens obligée de nuancer, pas question ici de condamner les détracteurs. Ceux qui ont de bonnes raisons de trouver les livres et les films médiocres et qui savent l’exprimer certains avec compassion pour les hordes enflammées de fans, d’autres avec plus de cruauté. Mais la cruauté n’est pas bien grave si elle est accompagnée de talent et de pertinence.

Non cette diatribe est dirigée vers LES autres, ces autres qui ne peuvent pas s’empêcher d’avoir une opinion, même sur quelque chose qu’ils ne connaissent pas, et n’ont même pas l’égard de se renseigner sur le sujet.

Ces autres qui pensent qu’un livre et encore plus un film qui intéresse plus particulièrement les jeunes filles est probablement insignifiant.

Ces autres qui pensent que puisque Twilight est un succès commercial c’est faire preuve d’originalité que de le critiquer.

Ces autres qui pensent que le surnaturel et les vampires en particulier n’ont leur place que dans des œuvres mineures, parce qu'on sait bien que les histoires fantastiques sont faites pour les enfants.

Et puis il y a ces autres autres qui ont lu ou vu Twilight avec passion mais relèguent cet épisode à une faiblesse passagère plutôt que de se poser la vraie question intéressante dans toute cette histoire : pourquoi Twilight ?

Et tant que j’y suis, ces autres qui travaillent pour la télé et demandent aux fans d’hurler avant d’allumer leurs caméras pour mieux pouvoir en rire plus tard.

A tous ces autres je ne tiens à dire qu’une chose, à quel point leur paresse intellectuelle me désole, à quel point ce qu’il prennent pour de l’esprit est une facilité.

Le phénomène Twilight est à bien des niveaux disproportionné et parfois risible mais il est surtout fascinant. Ne pensez pas qu’il est facile de plaire à tant de monde autour de cette planète. Cette idée ahurissante qu’une œuvre plébiscitée par le plus grand nombre est forcément pauvre, que seulement le plus petit dénominateur commun nous rapproche est non seulement absurde, elle est décourageante.

Vous me direz que pourtant beaucoup de ces jugements faciles sont fondés, que nombre sont ceux qui ont lu et vu et réfléchi et continuent de trouver ces œuvres mièvres ou même carrément nocives. Je répondrais qu’il n’y a heureusement jamais eu d’œuvre qui ait su faire l’unanimité et que la mesure d’une histoire est aussi sa capacité à hanter son public. Tout auteur qui réussit ce pari là mérite au moins qu’on s’attarde sur son œuvre ou qu’on se garde de la fustiger aveuglément.

Et avant que vous ne me posiez la question, laissez moi vous dire que oui j’ai lu du Marc Lévy, et que si le champs lexical de Mme Meyer est désertique sa littérature bénéficie au moins d’une authenticité de propos et d’une sincérité sentimentale que je n’ai pas su trouver chez notre décorateur d’intérieur reconverti national.