mercredi 25 novembre 2009

Twilight, ou la torture de l’internaute éclairé

C’est arrivé tout à coup, au 212ème commentaire d’un site web quelconque, la révolte, le sentiment soudain que je ne pouvais plus me taire, que je préférais passer pour arrogante, naïve ou même désagréable que de garder le silence. Alors voilà j'ai succombé j'ai créé un blog et me voici sur le point de pousser ma première complainte.... Drumroll...

Je refuse d’accepter stoïquement un instant de plus l’avalanche de platitudes et de contresens qui courent sur Twilight : les livres, les films, le phénomène, les filles hurlantes de douze ans et tout le reste.

Je sais, je verse déjà dans l’arrogance, on pourrait croire à me lire que je pense détenir la vérité absolue sur le sujet et que tous les fans, critiques et commentateurs en tout genre ne sont qu’une horde d’imbéciles. Loin de moi cette idée, je suis persuadée qu’il y a beaucoup d’écrits brillants et pertinents sur le sujet, malheureusement on ne remarque que ce qui nous dérange alors c'est contre les autres que je m’insurge.

Une fois de plus je me sens obligée de nuancer, pas question ici de condamner les détracteurs. Ceux qui ont de bonnes raisons de trouver les livres et les films médiocres et qui savent l’exprimer certains avec compassion pour les hordes enflammées de fans, d’autres avec plus de cruauté. Mais la cruauté n’est pas bien grave si elle est accompagnée de talent et de pertinence.

Non cette diatribe est dirigée vers LES autres, ces autres qui ne peuvent pas s’empêcher d’avoir une opinion, même sur quelque chose qu’ils ne connaissent pas, et n’ont même pas l’égard de se renseigner sur le sujet.

Ces autres qui pensent qu’un livre et encore plus un film qui intéresse plus particulièrement les jeunes filles est probablement insignifiant.

Ces autres qui pensent que puisque Twilight est un succès commercial c’est faire preuve d’originalité que de le critiquer.

Ces autres qui pensent que le surnaturel et les vampires en particulier n’ont leur place que dans des œuvres mineures, parce qu'on sait bien que les histoires fantastiques sont faites pour les enfants.

Et puis il y a ces autres autres qui ont lu ou vu Twilight avec passion mais relèguent cet épisode à une faiblesse passagère plutôt que de se poser la vraie question intéressante dans toute cette histoire : pourquoi Twilight ?

Et tant que j’y suis, ces autres qui travaillent pour la télé et demandent aux fans d’hurler avant d’allumer leurs caméras pour mieux pouvoir en rire plus tard.

A tous ces autres je ne tiens à dire qu’une chose, à quel point leur paresse intellectuelle me désole, à quel point ce qu’il prennent pour de l’esprit est une facilité.

Le phénomène Twilight est à bien des niveaux disproportionné et parfois risible mais il est surtout fascinant. Ne pensez pas qu’il est facile de plaire à tant de monde autour de cette planète. Cette idée ahurissante qu’une œuvre plébiscitée par le plus grand nombre est forcément pauvre, que seulement le plus petit dénominateur commun nous rapproche est non seulement absurde, elle est décourageante.

Vous me direz que pourtant beaucoup de ces jugements faciles sont fondés, que nombre sont ceux qui ont lu et vu et réfléchi et continuent de trouver ces œuvres mièvres ou même carrément nocives. Je répondrais qu’il n’y a heureusement jamais eu d’œuvre qui ait su faire l’unanimité et que la mesure d’une histoire est aussi sa capacité à hanter son public. Tout auteur qui réussit ce pari là mérite au moins qu’on s’attarde sur son œuvre ou qu’on se garde de la fustiger aveuglément.

Et avant que vous ne me posiez la question, laissez moi vous dire que oui j’ai lu du Marc Lévy, et que si le champs lexical de Mme Meyer est désertique sa littérature bénéficie au moins d’une authenticité de propos et d’une sincérité sentimentale que je n’ai pas su trouver chez notre décorateur d’intérieur reconverti national.

4 commentaires:

  1. Je suis tout à fait d'accord avec ce qui est écrit (et ce avec beaucoup de style) ici :) Je ne vois rien d'autre à ajouter, si ce n'est merci d'avoir mis des mots en français sur ce que beaucoup aussi ressentent. On l'a déjà fait souvent entre fans sur lj en anglais, mais ça fait du bien de le lire en français et sur une plate-forme qui n'est pas dédiée qu'aux Twi-hards ou fans.

    Et au passage, un gros plus pour la remarque sur Marc Lévy. Je ne peux qu'adhérer. Même si j'ai apprécié certains de ses romans, personnellement, ça n'a jamais atteint ce que j'ai pu ressentir avec Twilight.

    Bonne continuation pour ton blog ;)
    En tout cas, j'espère te relire très vite!

    x x x

    RépondreSupprimer
  2. One point for you. Wait... Maybe two.
    Ceci dit, ce n'est ni le sujet, ni le style d'écriture, ni les personnages, ni les thématiques abordées qui m'ont poussée à abandonner en cours de route (j'ai tout de même lu les 2 premiers tomes), ce sont les rebondissements faciles et surtout le trop grand nombre de lapins qui sortent du chapeau.

    Mais ce n'est pas parce que je n'ai pas adoré Twilight que je n'applaudis pas à 2 mains ton éloge de la culture pop et ton argumentaire sur les succès commerciaux.
    I'm proud to call you my friend !

    RépondreSupprimer
  3. Oui mais Edward il est trop beau d'abord !!!

    RépondreSupprimer
  4. Je valide totalement !
    quel style Yaelle, tu devrais te lancer dans l'ecriture !

    au plaisir de te (re)lire !

    RépondreSupprimer